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Chimie et déduction : un couple efficace ?

Bonjour à tous,

Si Holmes pouvait paraître quelque peu révolutionnaire dans ses nouvelles en se servant de temps à autres de la chimie pour mener à bien ses affaires, il est aujourd’hui de notoriété commune qu’elle trouve une grande place dans les sciences forensiques telles qu’elles ont pu être révélées au grand jour par Les Experts. De fait, s’il apparaît que la chimie nous permet à l’heure actuelle d’arrêter un criminel par la comparaison d’ADN, ou encore par la comparaison de molécules spécifiques qui auraient été présentes sur les lieux du crime et que l’on pourrait retrouver sur notre meurtrier, il paraît plus fantasque que cette même chimie nous permette de savoir par où le criminel est passé pour commettre son forfait. Et pourtant, la série Sherlock, dont nous avons déjà pu parler à de nombreuses reprises, en particulier avec le suicide de notre détective présenté au travers de cet article, n’hésite pas à nous montrer Holmes retrouvant deux enfants kidnappés par l’analyse de la boue que le ravisseur avait sous ses chaussures, et qu’il avait disséminée à son passage ! Cette scène tirée de l’épisode La Chute du Reichenbach aurait-elle réellement pu se produire dans notre monde ? La chimie est-elle un instrument utile à la science de la déduction ? Autant de questions auxquelles nous essayerons de trouver ici réponse.

Les molécules, une aide précieuse dans le panel d’outils qui nous servent à la déduction ?

On peut définir la chimie comme une science de la nature relativement empirique : partagée entre théorie et expérimentation, son objet est l’étude des éléments chimiques qui composent notre monde, et des interactions qui lient ces éléments. Ce qui va nous intéresser ici plus particulièrement est le côté expérimental, qui nous permettra, sans aucun doute, de réussir à percer les dernières barrières qui nous séparent de la vérité. Avant cela, il nous faut rappeler que la chimie expérimentale est une pratique qui peut se révéler dangereuse : aussi, dans nos expérimentations, il ne faudra pas oublier de porter une blouse, et selon les circonstances de l’expérience, lunettes et gants de protection. Nous commencerons nos expériences par de simples réactions relativement faciles à étudier, que tout le monde peut réaliser chez soi – à condition de disposer du bon matériel. Outre la blouse, il faut en effet se munir de récipients en verre tels que des tubes à essai : le verre sera ici des plus pratiques quand il s’agira de chauffer nos solutions – le chauffage, quant à lui, s’effectue à l’aide d’une lampe à alcool ou encore d’un bec bunsen, ces deux dispositifs pouvant facilement être arrêtés en cas de problèmes. A la manière holmésienne, lorsque l’on usera de chimie, il nous faudra agir de manière la plus méthodique et organisée possible : ainsi, nous éviterons tout problème lors de nos expériences. Résumons donc la liste de ce qui est, de base, nécessaire :

  • Une blouse ou tout autre vêtement de protection;
  • Si nécessaire, des gants et lunettes de protection;
  • Des récipients en verre, au mieux tubes à essai;
  • Une lampe à alcool, bec bunsen, ou tout autre dispositif de chauffage « portatif » pouvant s’étendre facilement.

A ce matériel, il faudra adjoindre les solutions nécessaires à la réalisation des réactions-type que l’on cherche à étudier.

Ainsi, la chimie permet de mettre en lumière les interactions entre différents éléments. C’est là le point qui va nous intéresser dans la science de la déduction. Le départ du raisonnement que l’on utilise est des plus simples : dans la nature, l’on trouve une infinité d’éléments différents. Prenons pour exemple la terre, élément incontournable de la nature. Ce que l’on prend pour une seule et même chose, la terre, se retrouve cependant en quantité de versions différentes; la terre peut être argileuse, peut se composer d’humus, contenir des éléments de végétation, ou encore des roches particulières. Imaginons alors que chacun de ces éléments que sont l’argile, l’humus, la végétation, ou bien la roche réagisse d’une manière différente avec une solution chimique : il nous serait alors possible de localiser, à l’aide de la réaction spécifique entre la terre étudiée et la solution chimique et en connaissant où l’on peut trouver un tel élément dans la terre, où ce morceau de terre a été prélevé. De là, c’est un monde de possibilités qui s’offre à nous pour la déduction : il est alors possible de retrouver l’endroit exact où un objet a été entreposé, ou plus encore où un homme est passé. Ce n’est donc pas une utopie qui nous est montrée dans la série Sherlock, mais bel et bien ce qui appartient aux champs du possible. Dès lors, la chimie devient l’un des outils que le détective amateur se doit de posséder dans son propre panel. Pouvons-nous cependant réussir à user de la chimie pour la science de la déduction sans en avoir une connaissance poussée, à la manière d’un Holmes jugé « Très fort » dans ce domaine par Watson dans Une Etude en Rouge ?

Jeremy Brett, dans le rôle de Holmes pour la série réalisée par Granada Télévisions, série jugée la plus proche du canon holmésien.

Si certaines réactions sont des plus complexes à étudier, la plupart des réactions qui vont ici nous intéresser sont relativement simples, et ne nécessitent pas une connaissance parfaite de cette science qu’est la chimie – la connaissance basique à avoir ou bien à acquérir étant la notion de dangerosité en chimie, les réflexes de sécurité et savoir se prémunir de tout danger pour soi, et pour les autres. Pour convaincre mon lectorat de la simplicité de certaines des réactions qui nous sont utiles, nous allons une fois encore user d’un exemple des plus éloquents. La réaction que nous allons ici employer a sûrement déjà utilisée par la plupart d’entre vous pour une action des plus communes, j’ai nommé le détartrage. En effet, pour enlever le calcaire, il est courant d’employer du vinaigre d’alcool blanc : c’est là la réaction-même qui va nous intéresser. Le calcaire, roche sédimentaire, est présent dans de nombreuses roches, telles que les gypses, ou les marnes; sa composition chimique, que nous étudierons plus en détail une prochaine fois, l’amène à réagir en présence d’acide d’une manière très spécifique, l’effervescence. Or, le vinaigre d’alcool blanc comporte un acide, l’acide acétique : aussi, en appliquer sur une roche ou une terre comportant du calcaire entraînera de manière directe une réaction d’effervescence. Ainsi, avec quelques gouttes de cet acide acétique que l’on peut trouver facilement chez soi, il vous sera possible d’identifier une roche ou bien un échantillon de terre comme comportant du calcaire.

Effervescence d’une roche calcaire au contact d’un acide

Suite à cette réaction, c’est un autre problème qui se pose : d’où provient ce calcaire, et comment a-t-il été prélevé ? Si la déduction et l’application de systèmes hypotético-déductifs peuvent nous aider à répondre à la deuxième question, la première n’en reste pas moins le plus grand mystère à percer : on comprend ainsi mieux pourquoi Holmes peut dire « du premier coup d’oeil les différentes espèces de sol » ! Si la chimie peut s’avérer des plus utiles pour résoudre un mystère quel qu’il soit, elle n’en reste pas moins qu’un maillon de plus apporté à la chaîne que constitue la déduction logique; elle n’en est ni le début, ni la fin, et c’est, du reste, au détective holmésien d’en juger de la valeur dans son enquête.

Bien à vous,

Journal de Baker Street, n°2

Bonjour à tous,

Voilà un moment que je n’étais pas revenu vers vous. Aucun contretemps tel que le Dernier Problème qu’a pu connaître Holmes, non, mais l’observateur aguerri pourra, s’il lui plaira, deviner ma situation au vu des dates de mon absence. Rechignerez-vous devant un peu d’entraînement ? Disons que ce sera là mon premier défi pour cette deuxième édition du Journal…

Maintenant que cette anicroche est loin derrière nous, l’écriture de ce blog va pouvoir reprendre. C’est à la logique que je compte m’attaquer plus en détail : je me laisse encore quelques jours pour réfléchir au nouvel article, mais j’espère qu’il vous plaira. Après quelques passages dans l’univers tortueux de la logique, c’est aux applications de la chimie dans la science de la déduction, domaine quelque peu plus compliqué, que nous nous essayerons : il s’agira alors de déterminer, une bonne fois pour toutes, s’il est vraiment possible de savoir d’où vient une personne depuis la terre qu’elle a collectée sous les semelles de ses chaussures. Et dans un second temps, établir un catalogue des réactions les plus utiles à la science de la déduction devrait nous être profitable !

C’est donc un programme des plus conséquents qui nous attend; programme qui commencera, au plus tard, à la fin de cette semaine. Amis lecteurs, c’est dans un nouveau tournant de ce site que nous entrons : les bases sont posées; il est maintenant plus que temps de les approfondir.

Je terminerai cet article par un deuxième défi, peut-être plus amusant que le premier mais de même nature : une énigme, pour éprouver votre logique et la faire doucement progresser. L’énigme du jour nous vient de Voltaire :

« Cinq voyelles, une consonne,

En français composent mon nom.

Et je porte, sur ma personne,

De quoi l’écrire sans crayon. »

Alors, saurez-vous trouver de qui il s’agit ? Gageons que vous saurez trouver facilement la réponse à ce problème séculaire… Jusque la prochaine énigme.

Voltaire, inventeur de notre défi du jour